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Disparition du Docteur Jacques Jami

L’institut Jacques Monod a appris avec tristesse le décès du Docteur Jacques Jami survenu le 20 août à Paris.

Jacques Jami a rejoint l’Institut en 1978, où il a d’abord dirigé l’équipe « Génétique Physiologique », avant la création en 1983 de l’Unité INSERM 257 “Génétique cellulaire et moléculaire”. Pédiatre de formation, il avait d’abord travaillé à l’hôpital Cochin avec Georges et Fanny Schapira, pionniers de la pathologie moléculaire. Il avait ensuite rejoint le laboratoire de Boris Ephrussi au Centre de Génétique Moléculaire à Gif sur Yvette. Boris Ephrussi  venait de mettre en place la méthode novatrice des hybrides somatiques qui permettait de poser des questions de génétique (cartographie, relations fonctionnelles) dans des cellules en culture. Jacques a caractérisé la cinétique de perte des chromosomes humains dans des hybrides cellulaires homme/souris et montré qu’ils dérivaient, au départ, de la fusion de deux cellules avec un lot complet de chromosomes. Il a ensuite créé son équipe à  l’Institut de Recherches Scientifiques sur le Cancer à Villejuif, où il a initié ses travaux sur les bases génétiques du caractère cancéreux et ses relations avec la différenciation. Il utilisait pour cela des hybrides entre cellules cancéreuses et normales et tirait profit des capacités de différenciation des cellules de carcinome embryonnaire.

Son arrivée à l’Institut Jacques Monod a coïncidé avec le développement des méthodes de génie génétique dont il a rapidement compris les potentialités pour poser des questions fondamentales sur le contrôle de l’expression des gènes. Tout en continuant ses travaux sur les hybrides somatiques, il a démarré une fructueuse collaboration avec Raymond Pictet (1937-2017) qui venait lui aussi de rejoindre l’Institut, mettant en place tous les outils de transfert d’ADN dans les cellules en culture puis dans les souris. En 1986, un article décrivant l’expression du gène humain de l’insuline dans des souris transgéniques – réalisées à l’Institut – constituait la première contribution à l’étude du contrôle de l’expression du gène de l’insuline et de son récepteur, qui allait ensuite occuper Jacques jusqu’à la fin de sa carrière scientifique.

En 1991, Il rejoignait avec son Unité l’Institut Cochin de Génétique Moléculaire. Avec son équipe, il a publié plusieurs articles majeurs sur la régulation du gène de l’insuline en relation avec le diabète. En parallèle, il a développé de nombreuses collaborations, en particulier avec des collègues immunologistes, et a publié plusieurs articles marquants sur le problème de l’empreinte parentale.

Jacques avait un esprit curieux, explorateur, toujours à l’écoute des derniers développements méthodologiques qui lui permettaient de continuer de poser différemment et plus précisément les questions qui le passionnaient. C’était un collègue chaleureux, attentif, stimulant et bienveillant, toujours prêt pour une discussion à bâtons rompus sur la science, la philosophie (il avait entrepris ses études de médecine après un baccalauréat de philosophie !) ou l’actualité. Finalement, on ne peut pas évoquer sa mémoire sans mentionner son courage et son engagement, en particulier dans le soutien aux scientifiques persécutés à l’époque de l’Union Soviétique.

 

Texte de Jean-Pierre Rousset

(c) photo Famille Jami

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